Il y a plusieurs années, je me suis rangé du côté de l’opinion faisant consensus auprès des poêliers Nord-Américains et j’ai commencé à construire des poêles utilisant l’air supérieur comme air de combustion primaire. C’était évidemment mieux que d’utiliser l’air inférieur, mais avec un désavantage apparent. Les braises prenaient beaucoup plus de temps à brûler léchées sur le dessus par l’air supérieur plutôt que par l’air inférieur forcé au travers les braises via la grille.
(High Performance Heating)
Le rapport entre la baisse d’efficacité du poêle et la charge thermique s’échappant via le passage de fumée pendant l’étape des braises est considérable et bien documenté par Alex Batsulin. (Determination of Heat Loss)
Vers la fin de la combustion, l’objectif étant que l’étape des braises se termine aussi rapidement possible afin de pouvoir fermer le passage de fumée, et ainsi mettre fin à la perte de charge thermique du poêle pendant que le passage de fumée est ouvert. Le tas de braises peut sembler très chaud, mais le poêle perdra plus de chaleur qu’il n’en gagnera.
C’est pour cette raison qu’ajouter une bûche aux braises et ouvrir le passage de fumée à la fin de la combustion nuira probablement à l’efficacité. D’un point de vue psychologique, la lumière et la chaleur radiant directement de la boîte à feu donnent une impression de chaleur, mais la masse du poêle perd probablement plus de charge thermique qu’elle n’en capte pendant la combustion de la bûche.
Braises non-désirables.
On a tous vu des fanatiques ramasser des braises d’un poêle, à la pelle, traverser la pièce en vitesse, en criant: “Attention! Braises chaudes!”. Les jetant dehors avant de rentrer en vitesse pour aller écraser les morceaux de braises qui seraient tombées sur le plancher. Pas besoin de dire que pour la plupart des cas ce soit absolument inacceptable.
Dans les zones tempérées où l’on a besoin que de petits feux de 10 kg, on portera une grande attention au choix du bois et comment on l’empile pour faire le feu.
Le bois franc est fendu assez fin et mêlé avec du bois mou pour éviter les grands tisons qui tardent à brûler.
La trappe peut être fermée petit à petit pendant l’étape des braises pour permettre juste assez de tirage pour évacuer les gaz et réduire la perte de charge thermique de la masse. Par contre, ce faisant, on prolongera considérablement l’étape des braises, spécialement pour un poêle utilisant l’air supérieur ou sans grille.
Dans les plus récents poêles utilisant l’air supérieur à l’allumage, une option d’air inférieur a été ajoutée, où si on enlève une petite porte en fonte qui se trouve sur l’habillage du poêle, de l’air inférieur peut entrer en passant sous la grille. Ainsi les braises brûlent beaucoup plus rapidement et on peut fermer la trappe beaucoup plus tôt.
Le coût d’installation de l’option d’air inférieur pour un poêle avec une chûte de cendres au sous-sol est négligeable autant pour le temps que pour les matériaux. La même installation pour un poêle avec une boîte à cendres à retirer, directement sous la boîte à feu est juste un peu plus complexe.
Les désavantages de l’option d’air inférieur sont:
- Qu’on ne doit pas laisser de cendres s’accumuler dans l’espace juste sous la grille, i.e. : l’espace doit être nettoyé régulièrement pour que ça fonctionne.
- Que l’option d’air inférieur pourrait être utilisée de façon inappropriée par un client suivant sa propre volonté.
- Aussi, avec cette installation, avoir à enlever la porte pour laisser entrer l’air dans le passage d’air inférieur, et pendant ce temps devoir laisser la porte quelque part jusqu’à ce qu’on la remette en place 15-20 minutes plus tard n’est pas l’idéal. Une soupape d’admission à coulisse serait plus pratique.
Les images ci-dessous illustrent trois projets quelque peu différents avec l’option d’air inférieur supplémentaire.
Construction d’un coeur sur une dalle dans une résidence sans sous-sol.
Toutes ces images ont une version HD. Cliquer sur l’image.
Disposition du premier des 4 rangs de la base du coeur. L’ouverture de la boîte à cendre doit être bien précise pour éviter que l’air du dessus ne la traverse et ne devienne de l’air inférieur.
Quatre rangs de briques d’argile posées avec du mortier de type N. L’ouverture pour la boîte à cendres est située juste à l’arrière, au bas du canal d’air primaire et la prise d’air inférieur à droite, du coin du cœur jusqu’au creux de la chute à cendres. L’ouverture de la chute a été réduite et est plus étroite que la largeur de la boîte à cendres, aux dimensions de la grille qui reposera sur les deux prochains rangs, en briques réfractaires. Empêchant les cendres de déborder des côtés de la boîte.
L’ouverture de la boîte à cendres traversée par un morceau de barre plate d’1/4 de pouce d’épaisseur.
Le premier rang de briques réfractaires couvrant le canal d’apport d’air inférieur.
La boîte à cendres doit être bien ajustée dans l’ouverture. Il lui faut juste un petit jeu pour permettre son peu d’expansion. Sans que ce soit assez pour laisser passer quelque infiltration d’air conséquente.
Les premiers rangs en briques réfractaires de ce coeur avec 2 ouvertures permettant de “voir à travers”. Il n’y a pas de sous-sol dans cet exemple, le poêle repose sur une dalle.
L’ouverture du canal d’apport d’air inférieur sous la grille.
L’ouverture du canal d’air inférieur devrait être aussi loin possible du canal d’air primaire pour que la porte du canal d’air inférieur ne soit pas placée trop près de la porte de la boîte à feu qui est plus grande et que ce ne soit pas inconfortable à l’habillage.
Le dernier rang de la sole avant de monter les côtés de la boîte à feu.
Ce coeur est construit sur une fondation de blocs de béton élevée servant de chute à cendres et permettant aux braises de tomber directement de la grille au creux de la fondation. Il n’y a pas de boîte à cendres comme tel. Comme dans les deux autres exemples ci-dessus, l’air primaire supérieur entre par la soupape d’admission à coulisse située dans la porte en fonte de la boîte à cendres attachée à l’habillage. La petite ouverture dans la dalle de fondation, sous le canal d’air primaire, mène à un creux dans un bloc au dernier rang de la fondation. Permettant l’option de pouvoir ouvrir le bloc pour y attacher un conduit d’air extérieur.
Note: Les trois longs et petits espaces dans le dernier rang du coeur n’ont pas de liens avec le canal d’air inférieur.
Le rôle des côtés en pente de la boîte à feu est de rassembler les braises sur la grille où elles brûleront plus rapidement que si elles étaient dispersées sur la sole plane.
Le coeur sur les deux images précédentes vu ici tout habillé. Pour laisser entrer l’air inférieur, on enlève la petite porte au-dessus et à droite de la porte à boîte à cendres, et on la replace pour fermer le canal d’air inférieur. Lorsque le canal d’air inférieur est ouvert, la soupape d’admission d’air primaire dans la porte de la boîte à cendres, et la prise d’air secondaire dans la porte de la boîte à feu, devraient être fermées. Ceci augmentera la vitesse dans le canal d’air inférieur. Les braises brûleront beaucoup plus vite avec l’air inférieur venant de la grille qu’avec l’air supérieur.
Il est conseillé d’insérer un tampon métallique, pour récurer les casseroles, dans le canal d’air inférieur juste derrière la porte, pour réduire les chances que les braises puissent être soufflées par un coup de tirage inversé.